Fiap, ELP le 7 juin 2018 : ossature d’une conversation – Émilie Berrebi
Un peu d’histoire
Dans ses conclusions de l’Autre sexe (2015) Jean Allouch continue à développer la question de la liberté dans l’analyse, après qu’il l’a associée avec Lacan, au nœud Borroméen et au manque de désir du rapport sexuel (p. 89). Là, il affirme qu’elle est érotique et qu’elle s’adresse à la liberté de l’analysant. En août 2017 cette discussion va se prolonger à Montevideo.
Entre-temps, la question des deux analytiques du sexe a été posée.
C’est dans son livre suivant Pourquoi y a-t-il de l’excitation sexuelle plutôt que rien? , et dans le fil de Foucault et de sa volonté de savoir que Jean Allouch va développer ce qui avait été différencié et énoncé. Les dispositifs d’alliance et de sexualité deviendront l’analytique de l’objet et celle du non-rapport.
Dans le livre qui va suivre la même année, la scène lacanienne et son cercle magique, la question de la liberté sera associée alors à la deuxième analytique, celle de l’Autresexe.
- Les deux analytiques.
Développées sous forme de deux tableaux non séparés, pour prolonger ceux de Jean Allouch
Première analytique : deuxième analytique :
Objet rapport
Pulsion fantasme angoisse transfert, théâtre.
Autre de désir Autre sexe
Loi sexuelle rapport sexuel
Le sexe est partout où il ne devrait le sexe fait défaut où il devrait être
pas être
Anormalité Normalité manquante
Diversité sexuelle heteroérotisme commun de tous
Phallus présent +++ Phallus absent
Faux trou sur le nœud Bo plage réelle imaginaire (RI)
Désir de rapport manque de désir de rapport
Désir de l’Autre Soulèvement, désir en acte
Aliénation, assujettissement, soumission Liberté
Ne pas céder sur son désir Volonté d’exercer sa liberté en s’adressant à
Celle d’autrui
Symptôme Sinthome
Soucis de soi Déchariter
Petite remarque à propos des mathèmes de la sexuation.
Page 27 de Pourquoi… JA affirme très rapidement qu’il ne s’agit pas de confondre ces deux analytiques et donc les deux localisations du faux et vrai trou sur le nœud Bo, avec les côtés homme et femme du mathème de la sexuation. En effet celui-ci semble être du registre de la première analytique. Et pourtant s’il est évident que le côté Homme renvoie à l’analytique de l’objet, il n’est pas incertain que le côté Femme ne renvoie pas à l’analytique du non-rapport, à l’Autresexe donc, si on considère que le phallus ici est un signifiant. (Ce qui n’empêche pas par ailleurs de dire qu’Homme et Femme sont uniquement des signifiants, le mot côté permettant de ne pas essentialiser les différences) (donc à discuter)
Le déroulement d’une analyse : pour faire vite stylisation.
Au mieux le début d’une analyse est un acte de liberté, un dire que non, un soulèvement.
Choix de l’analyste, acte non contraint et libre dans le meilleur des cas, contre l’aliénation et les symptômes, l’assujettissement à l’Autre.
Lors du déroulement de l’analyse, si elle est bien menée, et si l’analyste exerce sa liberté, sait lutter avec l’analysant contre l’impérialisme de la nécessité, sait faire valoir l’inexistence du rapport sexuel, sait s’adresser à la liberté de l’analysant et déchariter, le versement de l’analytique de l’objet dans l’analytique du non-rapport feront coexister les deux analytiques jusqu’à la chute de l’objet a, les illuminations, les éclairs qui vont clore l’analyse vers le noir parfait du vrai trou. (C’est ce qui fait la non binarité des deux analytiques).
La liberté succède alors à l’aliénation, après la chute de petit a, la désincarpation, et la disparition de l’Autre. (Métaphore de la bonde) Elle est alors directement associée à l’inexistence de l’Autre, de sa Jouissance, et du rapport sexuel, après la séparation. C’est ce qui fait dire à Lacan que liberté est la même chose que l’inexistence du rapport sexuel.
Lorsque le dispositif de l’école le permet, la passe est un nouveau soulèvement canalisé.
Question : La liberté uniquement dans la seconde analytique ?
La première analytique celle de l’objet est directement associée au fantasme dont on connaît la formule S barré poinçon a. Dans la première analytique c’est le fantasme et l’excitation qui va diriger les actes du sujet, ainsi que le désir de rapport. En cela il n’est pas libre, et il fait porter à l’autre le poids de ses fantasmes. Ainsi Jean Allouch affirme que la fin de l’analyse comme traversé du fantasme par l’analysant est un fantasme d’analyste fantasmant sur l’analysant. (1re analytique du côté de l’analyste
Sade n’était pas libre. C’est ce qui l’a mené à la bastille.
La liberté est érotique et sexuée mais pas sexuelle.
Elle est sexuée car dans la deuxième analytique, L’Autresexe auquel est associée l’excitation, est corporel et sexué, même si les distinctions du normal pathologique, du masculin féminin, homosexuel hétérosexuel, et autres distinctions sont secondaires.
Déchariter et liberté.
Du côté de l’analyste, déchariter, se faire le rebut de la jouissance, est directement associée à la liberté puisqu’il s’agit ainsi de s’adresser à la liberté de L’autre. À l’acmé de cette position le désêtre de l’analyste qui se fait n’importe qui pour répondre à la liberté de l’analysant.