COURAGE, TEMPERANCE,
et autres vertus du praticien
Initiation à l’érosthétique (2)
Dis)position(s) du clinicien (4)
L’éthique des vertus est présentée comme un courant alternatif à l’éthique mainstream qui conjugue principlisme et conséquentialisme. Plutôt que de décréter des devoirs moraux, ou de faire de savants calculs d’utilité pour équiper la décision, l’accent est mis sur les dispositions de l’agent qui s’engage dans une action pour atteindre un certain bien qui en dépend.
Contingence et incertitude seraient paralysantes, conduiraient à l’inaction, à la résignation, si l’agent, l’acteur, ne disposait pas de quelques pré-dispositions, qui, cultivées par l’exercice, deviennent de plus en plus des dispositions qui lui permettent de faire ce qu’il y a à faire.
Les vertus sont les meilleures dispositions possibles à s’engager au mieux dans des expériences sans garantie a priori de réussite. C’est l’assurance de celui qui ne peut pas compter sur l’exosquelette des conduites à tenir et des protocoles et qui doit se risquer, en tremblant, dans une voie inédite, car la situation le requiert.
Si les vertus sont indispensables par gros temps, on se casse pourtant les dents à tenter de les enclore dans des définitions stables. Quant à prétendre les mesurer pour les évaluer et les promouvoir, c’est une vaine entreprise. Ce n’est pas forcément le plus négligeable de leurs traits, que d’échapper ainsi à la saisie : les vertus s’avèrent affines, dans leur statut et leur fonction, à ce qu’elles viennent soutenir, à savoir la consistance fragile de l’action, indissociable de son effectuation.
Dans le champ médical, les vertus apparaissent de plus en plus comme des conditions de possibilité d’un soin véritable qui ne se réduit pas à la simple exécution d’une tâche programmable et programmée par l’effet conjoint des statistiques et du management gestionnaire.
Il est alors temps de les dégager de la naphtaline : depuis Platon et Aristote, du temps a passé, certes, mais le désarroi qui saisit la médecine clinique dans les turbulences du présent tient aussi à leur perte de vue.
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Lectures conseillées : Platon, Lachès (courage), et Charmide (sophrosuné) ; Aristote, Ethique à Nicomaque ; Jankélévitch, Traité des vertus ; MacIntyre, Après la vertu.
Modalités pratiques :
Les séances du séminaire auront lieu le mardi de 16h à 18h : 11/10/16 ; 15/11 ; 29/11 ; 13/12 ; 10/01/2017 ; 24/01/2017
Lieu : une salle (en général salle 16) du bâtiment d’Anatomie, au cœur de l’hôpital civil de Strasbourg
Le séminaire est ouvert à toute personne souhaitant mettre au travail ces interrogations.
On s’inscrit par simple mail à jean-christophe.weber@chru-strasbourg.fr ou jcweber@unistra.fr
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