Genèses de l’autisme : Freud, Bleuler, Kanner
Marie-Claude THOMAS
Éditions Epel, Paris, 2015
Qu’est-ce qui fait qu’un nom – le nom « autisme » – ait recueilli, et recueille encore, un tel consensus pour nommer, classer et formater des souffrances de l’enfance, des souffrances des liens parentaux ? Comment l’ « autisme infantile précoce », soit une entité (psycho) pathologique construite dans et avec les critères de la scientificité médicale et psychologique du début du XXème siècle aux USA, a-t-il pu être intégré tel quel dans le champ freudien ou, parfois, déguisé sous une éventuelle « structure autistique » ? À quel prix pour l’exercice de l’analyse ?
Arnold Gesell, dôme-1947. Observation et isolation de l’enfant
Un retour sur la création elle-même du terme « Autismus » / « Autistisch- » en 1907-1911 et ses avatars permet de distinguer les nombreuses ambiguïtés qui ont entouré les débuts de son utilisation en psychiatrie, en psychologie. La lecture critique de cette nosologie psychiatrique s’est soutenue des travaux de M. Foucault – le repérage du champ des savoirs et des systèmes de pouvoir où elle s’est formée – et de l’enseignement de J. Lacan – notamment le jeu des quatre discours qui repositionnent ce qu’est un sujet pour la psychanalyse (hors psychologie, morale et culpabilisation) – ; ils ont accompagné cet essai d’une généalogie de l’autisme jusque dans le repérage des effets actuels d’une politique de la santé orientée, elle aussi, par les mêmes prémisses que ceux qui ont constitué l’autisme : comportementalisme et biologie mécaniste : la part langagière y est nulle.
C’est ce point qui sera amorcé plus précisément après une présentation de l’ouvrage.
Bibliographie : voir les références des ouvrages en notes dans Genèses de l’autisme et Marie-Claude Thomas, L’autisme et les langues, Paris, L’Harmattan, 2011.