Date : le 28 septembre 2016
Par : George-Henri Melenotte
Dans l’annonce de son séminaire le 16 octobre prochain, Allouch nous fait part de cette « invention » de Lacan qu’est le « rapport sexuel ». Son propos est de bout en bout marqué par la bizarrerie.
Comme le serait un cheval fourmi, ou une eau sans hydrogène, ce rapport intrigue. Parce que, ayant l’air d’aller de soi, rien ne permet a priori de lui conférer un statut d’inexistence. Lacan invente pourtant ce « rapport » pour « du même pas, le déclarer inexistant ».
Question : comment s’y prend-on pour inventer quelque chose qui n’existe pas ?
Dans la suite, cette inexistence du rapport s’explore. Cela donne-t-il un statut particulier à cette inexistence ? Car peut-on tout simplement explorer ce qui n’existe pas ? Allouch, toutefois, persiste : il « montrera » que cette exploration se fait à « bas bruit », par « touches successives » et qu’elle « dessine une érotique distincte » de celle que Freud avait « étudiée » et « reconfigurée ». Nous voilà invités à avancer dans un domaine étrange, à une exploration de caractère pictural (elle procède par touches), où l’articulation entre le mot et la chose est exclue. Comment s’y prendre pour pénétrer dans ce nouveau flaland , propice à l’imaginaire et qui s’appuie sur un principe selon lequel la chose n’est plus au rendez-vous du mot ?
Cette formulation est déjà peut-être intempestive puisque Allouch nous invite à une orientation décidément nouvelle : non il n’y a pas moyen de s’y prendre autrement pour découvrir une autre analytique du sexe, une analytique qui paraîtra insensée tant elle échappe aux a priori de la doxa freudienne. Freud aurait raté le coche de cette analytique tant il a « reconfiguré » le paysage de son érotique selon des termes qui empêchaient la saisie de …son existence !
Que nous dit Allouch de cette érotique ? Elle est commune (tiens ! voilà du commun), « quoique nullement partagée » (c’est le moins que l’on puisse en dire). Il s’agit non pas d’une invention mais d’une découverte faite au fond de la bizarrerie de l’entreprise. Elle « ignore les amples catégories avec lesquelles on avait jusque-là pensé le sexe : sexualité normale ou perverse, masculine ou féminine, hétérosexuelle ou homosexuelle ». « Penser le sexe » n’est pas de très bon augure dès lors qu’il s’agit du sexe. Car comment penser le sexe si ce n’est en termes de catégories qui ressortissent, on le voit, du vocabulaire de la psychopathologie ? Freud aurait pêché par excès de vocabulaire binaire, trempé d’oppositions nosologiques placées sous le binôme normal/pathologique. Dépathologiser ne revient plus seulement à dénoncer l’emprise de ce binôme mais à ouvrir l’accès à cette érotique que Freud n’avait pas vue.
Un feuillet ultérieur portera sur la fin de cet argument et la « cohabitation » entre deux analytiques du sexe.
école lacanienne de psychanalyse