Émilie Berrebi
Il nya pas de rapport hétérosexuel Lacan.
« il ne me sera jamais permis de déclarer qu’en réécrivant ainsi sa formule ( ilnya pas de rapport hétérosexuel,) je me limite à mettre au jour ce que Lacan pensait. Et pourtant… c’est ce que j’affirme ! »
Jean Allouch
Dans ce chapitre où il est question d’écrire quelque chose sur quelque chose qui ne cesse pas de ne pas s’écrire, je suis réduite à translitérer ce qui a été déjà translittéré par Jean Allouch à partir de l’enseignement de Jacques Lacan. Alors peut-être quelques nouvelles élucidations quelques nouvelles questions verront le jour.
Ma position a ceci de plus radical : que je pense que, au niveau de la parole il y a déjà – la parole est du langage, mais ce n’est pas pareil – il y a déjà quelque chose qui fait que le « partenaire » entre guillemets, est en lui-même Autre, Autre avec un grand A. Il n’est pas l’autre, justement, le partenaire, l’alter, il est alius.
Lacan, Scola freudiana, 30.3.74
Ce chapitre commence par la question de l’Autre pour Lacan, et son importance, pour la psychanalyse. En effet, il nous est rappelé que c’est par la place de L’Autre que la psychanalyse se différencie d’une psychothérapie « one body psychologie ». l’Autre pour la psychanalyse est première.
Ainsi ladite maladie mentale est chez Lacan une hétéropathie :
« Ce n’est pas de lui-même, ce n’est pas davantage par lui-même que souffre le sujet, c’est de l’Autre qu’il tient, pour une bonne part, ce corps étranger qui l’habite et que l’on appelle symptôme ».
Dès son poème de 1929 et le stade du miroir de 1936, Lacan pensait l’entrée dans la psychose, non comme un repli sur soi, mais comme une entrée à pleine voile dans l’intersubjectivité. l’Autre-sujet, devient envahissant, et ne laisse plus aucune place au sujet pour se développer, c’est pourquoi dans l’exercice analytique il s’agit d’abord de donner, place, espace, au sujet.
l’Altérité première, permet d’expliquer et l’autoérotisme, (manque de soi, ou désordre des petits a du coté de l’Autre) et l’affirmation que le bébé est d’abord ouvert entièrement sur l’extérieur, etc. Dans le stade du miroir, et l’abord lacanien du moi, l’identification à l’autre est entérinée par l’Autre. « Le narcissisme lacanien est fort peu narcissique ». Le sujet est réduit à un supposé.
Si l’exercice analytique est un exercice spirituel ce n’est qu’à cette condition que l’autre ne soit pas un agent, un personnage comme le sont dans les quatre discours les personnages-agents du maître, du prof, de l’hystérique et de l’analyste, mais une surface et de plus trouée, « et organisatrice du trou »
« Partenaire manquant », est l’objet du rapport sexuel selon Lacan « qui, de nombreuses fois, signale que ses remarques à propos du non rapport sexuel relèvent du discours analytique » mais ce partenaire n’est manquant qu’au prix de ne pas remplacer ce réel par un fantasme, ses images et ses couleurs, surtout du côté mâle. « L’élucubration psychanalytique elle-même (ce que l’on appelle « théorie », ce que Lacan finit par qualifier de délire), sert de bouchon obturant un certain nombre de questions. » Coté femme c’est d’autre chose qu’il s’agit.
C’est probablement cet a-muse-ment qu’il y a chez certain à laisser se développer les fantasmes dans une école qui rendent les analyses interminables et qui bouchent les vrais questions.
Vient ensuite une lecture des séminaires de Lacan et en particulier de citations qui s’étalent sur plusieurs séminaires et textes dont bien sûr l’étourdit qui avait fait l’objet d’une publication de Barbara Cassin associée à Alain Badiou que Jean Allouch balaye d’un revers de main : il n’est pas question de principe de non contradiction et d’Aristote dans « il n’y a pas de rapport sexuel » qui n’est pas identique au non rapport sexuel, et qui n’est pas non plus une vrai négation, qui ne peut vraiment s’écrire, d’où le NYA (qui sonne comme un nom de Dieu !!!)
La méthode est d’analyse de citations, et le travail long et minutieux se conclue sur les trois négations inscrites sur le nœud borroméen, ainsi qu’une localisation de l’illumination, de l’interprétation, et de l’élucidation sur ce même nœud.
Quel est le cheminement d’Allouch quand à la formule de Lacan ?
Si je me permets d’aller de citations en citation, c’est que je suis autorisée en cela par l’auteur qui juge que le faire est faire preuve de modestie, ce dont je ne suis pas tout à fait sûre. Je dirai plutôt qu’il s’agit le plus souvent d’une forme d’écriture qui opère par montage, sinon par copier-coller quand on ne peut pas vraiment faire autrement.
Je vais essayer d’aller vite jusqu’à la séance du 15 Janvier 74, lorsque Lacan raconte une aventure à deux personnages : Lacan et une femme dite hystérique.
Il ne s’agit pas forcement d’un rapport homme/femme
Disons hétérosexuel par définition, ce qui aime les femmes, quel que soit son sexe propre : l’étourdit 1973.
Citations : Ce dont il s’agit quand il s’agit de sexe, c’est de l’autre], de l’autre sexe, même quand on y préfère le même. Mai 72
Cet ἕτερος en tant qu’absent, c’est pas du tout forcément le privilège du sexe féminin.
D’où qu’on le prenne, l’Autre est absent, à partir du moment où il s’agit du rapport sexuel » (3 mars 1972, « Le Savoir du psychanalyste »). »
Le rapport sexuel rate et coté homme et coté femme mais cela pourrait bien laisser échapper la question.
Ne rate pas, mais n’est-ce pas justement un ratage ?
– du coté vir qu’à identifier le partenaire à l’objet a, puis au fil des séances à l’Autre, tandis que l’identification devient une substitution.
– du coté femme (virgo) à l’identifier au pénis imaginé comme l’organe de la tumescence, ou à un homme tout puissant à un maître, à une représentation et ceci dès radiophonie (70) la distinction réside dans l’effet propre à chaque sexe que produit le plus de jouir. Mais est-ce bien l’atteindre ?
« parce que la jouissance de l’Autre prise comme corps est toujours inadéquate – perverse d’un côté, en tant que l’Autre se réduit à l’objet a et, de l’autre, je dirai folle, énigmatique. »
La formule ne peut être vérifiée car on ne peut, chez Lacan, faire état d’une impossibilité, autrement dit de quelque chose qui pourrait être reconnu réel, que si cette impossibilité est comme telle écrite, (alors qu’il me semblait que justement l’impossibilité était ce qui était ce qui ne cessait pas de ne pas s’écrire,) ce qui n’est pas le cas du non rapport sexuel que l’on dira donc « réel » sans être en mesure de jamais pouvoir élever ce dire au rang d’une certitude ». Ce serait alors une opinion possiblement vraie. Le rapport sexuel ne cesse pas de ne pas s ‘écrire (
« L’homme, une femme, ai-je dit la dernière fois, ce ne sont rien que signifiants. ( « avec cet effet, propre au signifiant, de susciter le corps à entrer en résonance.) » C’est de là, du dire en tant qu’incarnation distincte du sexe, qu’ils prennent leur fonction. L’Autre, dans mon langage, ce ne peut donc être que l’Autre sexe. » Lacan
. « Que le sexe prenne chair dans le dire va permettre au rapport sexuel de n’être plus tant localisé dans le rapport homme/femme, mais dans le rapport à l’Autre. » Allouch
Si c’est de L’Autresexe que l’on jouit quel est la jouissance de cet Autre génitif subjectif (sujet)
« D’être dans le rapport sexuel, par rapport à ce qui peut se dire de l’inconscient, radicalement l’Autre, la femme est ce qui a rapport à cet Autre. » Encore
« Et la femme, seule en cela, a rapport à cette inexistence de l’Autre qui s’écrit S(A/).( je corrige) » « Le rapport de la femme à S(Ⱥ) implique qu’elle se dédouble. Elle ne saurait être prise toute dans ce rapport affolant à l’Autre. » Elle a aussi rapport avec Φ, le signifiant sans signifié. C’est en cela qu’elle est pas-toute
« La femme est dite capable de faire une identification sexuée, autrement dit capable de prendre posture de femme. » « C’est en s’identifiant « femme », et seulement ainsi, qu’elle attrape, pour ainsi dire, de la jouissance phallique. »
« L’homme, quant à lui, ne peut pas faire une identification sexuée, est-il dit, car il est « tordu par son sexe ». » Aussi ce n’est pas à un homme qu’une femme aurait affaire dans le rapport sexuel mais à un homme tout en puissance imaginé (imagination vide ?) qui ne serait pas un fantasme ??? Je remarque que dans ce passage Allouch écrit probablement avec Lacan rapport sexuel, pour parler d’une relation sexuelle réelle. Donc l’homme comme la femme n’existe pas même s’ils n’existent pas de manière différente.
Après le rapport démembré d’un côté homme, de l’autre femme, il est question du rapport homme femme avec deux sérieuses difficultés l’une concernant le langage, l’autre concernant le phallus
Les relations biologiques n’ont rien à voir avec ce qui se passe sur un plan inconscient
Il y a une écriture du rapport sexuel biologique scientifique donc, l’écriture yin / yang est réelle et donc constitue un rapport
« La fonction du phallus rend désormais intenable cette bipolarité sexuelle, et intenable d’une façon qui littéralement volatilise ce qui peut s’écrire de ce rapport »
L’homme jouit de son phallus grâce au fantasme et non du corps de la femme qui se fait absente à elle-même. Elle n’a pas été prise en corps. Du coup elle s’identifie femme et l’homme fait l’homme.
« Le phallus, c’est l’organe en tant qu’il est, e.s.t, il s’agit de l’être, en tant qu’il est la jouissance… féminine. Voilà où et en quoi réside l’incompatibilité de l’être et de l’avoir. » ???
« Ainsi, en énonçant son « il n’y a pas de rapport sexuel », Lacan ne prétend-il nullement qu’il n’y a pas, en soi, de rapport sexuel, nulle part ni jamais, mais, plus limitativement, que cette inexistence n’est telle que dans un certain champ, liée à une certaine expérience, le champ freudien et l’expérience de l’analyse. »
Cette formule « elle ne peut faire l’objet de ce qu’il dénomme alors une « inscription effective », soit quelque chose de l’ordre d’une fonction mathématique. »19. 5 .71.
S’il y a une fonction phallique aucune fonction sexuelle n’est possible
le phallus n’est pas un connecteur Logique ente H et F
« L’homme n’est phallique qu’en tant que « tout homme », soit quelque chose qui n’existe pas autrement qu’au titre de signifiant
« Le phallus ne peut pas purement et simplement être pris comme un attribut masculin »
« Tout ce qui est écrit part du fait qu’il sera à jamais impossible d’écrire comme tel le rapport sexuel. C’est de là qu’il y a un certain effet du discours qui s’appelle l’écriture. »
Pour le discourcourcourant, qui n’existe que parce que il n’y a pas de rapport sexuel
« Le signifiant « femme » rend la femme en tant que sujet absente d’elle-même, pastoute. » pourquoi ?
« Le signifiant « phallus ». Lacan n’y entend plus que du sonore, sans signifié ni référent, que la jouissance d’un chat ronronnant. Toutefois, il le lit (signifié) et, en le lisant, lui octroie une certaine valeur littérale »
« l’inexistence du rapport sexuel est ce qui offre son fondement au fait que le réel soit trois – le symbolique, l’imaginaire et le réel (le réel qui les noue). »15/1/74
Le nœud Bo ? Il « tente de trouver dans le borroméen un support possible au non rapport sexuel. »
Avec le nœud Bo le phallus est soufflé, c’est une autre écriture
Le 15.1.74 les non dupes errent
« Cette absence de fonction sexuelle, qu’il admet contingente, qui sans doute n’est tenable que par et dans le discours analytique, il souhaite lui offrir une autre modalité, il s’emploie à ce que cette contingence vire à l’impossibilité.»
Il va donc essayer de prendre son fondement ailleurs que dans la fonction et c’est là qu’il passe au borroméen, et à ses trois consistances prises séparément.
Il va raconter une union sexuelle, une aventure à deux personnages. Une fiction, un scénario un rêve éveillé, une scène inaugurale à quatre personnage Lacan, l’hystérique, le nœud bo et le non rapport sexuel.
Après l’homme tordu par son sexe, voici l’homme étranglé par un rond et sa pénélope-hystérique qui file qui tisse qui raboute pour le sortir de là et pour réaliser avec lui une union sexuelle, sans rapport sexuel.
« Avec ce rond, ce un de savoir masculin, (qui est irréductiblement une erre) cette femme, pour autant qu’elle imite l’être parlant mâle, fera un tressage » et par là même « permettra que l’homme instaure un autre rapport au borroméen que celui de s’en trouver étranglé. »
« Le ratage, si je puis dire, dans cette affaire, c’est-à-dire ce par quoi la femme n’existe pas, c’est bien en quoi, cela même, elle arrive à réussir l’union sexuelle. Seulement cette union, c’est l’union de un avec deux, ou de chacun avec chacun, de chacun de ces trois brins. L’union sexuelle, si je puis dire, est interne à son filage. »
C’est là que cette femme advient comme une femme comme une autre.
Elle file, elle tresse, elle raboute. Cette troisième opération d’« union » des trois cordes (leur mise en continuité) pourrait équivaloir à l’union sexuelle »
L’homme apprend ainsi qu’un nœud ça sert à quelque chose, il sait et est le nœud. Il réussit à être trois et aperçoit le nœud
Cette elle, c’est l’hystérique qui « fait l’homme » dans les deux sens Il est « mis par une hystérique dans une position de départ où « il ne sait rien », ce qui peut lui arriver de mieux. Mais aussi ce qui vaut tant de haine à l’hystérique, qui destitue les maitres.
« Cet homme, désormais, « sait qu’il parle pour ne rien dire, mais pour obtenir des effets ». » c’est le sophiste
Ainsi l’union ratant le Bo (???) l’homme apprend qu’il y a de l’impossible. « Notamment que de n’écrire jamais le rapport sexuel en lui-même, sinon dans le manque de son désir, lequel n’est rien que son serrage dans le nœud borroméen. » le rapport sexuel adviendrait comme désir manquant et dépendrait du serrage dans le borroméen, avec le gain d’une certaine liberté, plus aucun désir n’envisageant le rapport sexuel comme manquant. Alors la question qui se pose est ce qui se passe coté femme.
En effet si la formule « Je te demande de me refuser ce que je t’offre, parce que ça n’est pas ça » se prolonge de « pas ça que je désire que tu acceptes, ni d’arriver à quoi que ce soit de cette espèce, car je n’ai affaire qu’à ce nœud même ». » et plus du tout à l’objet a on voit bien en fonction de ce qui a été dit que c’est coté homme. Alors dislocation du lien. Bon et après ? la question est posée. Cette femme a alors affaire à quoi ? début de pas réponse, elle est ce qu’elle fait.
La suite va alors tourner autour du trou. En effet le rapport sexuel manquant est présenté comme valant trou (la séance suivante du 12 Février 74), d’où l’affirmation d’un troumatisme, et du caractère sexuel du trou traumatisant.
« Si le réel est bien ce que je dis, à savoir ce qui ne se fraye que par l’écrire, c’est bien ce qui justifie que j’avance que le trou, le trou que fera, que fait à jamais l’impossibilité d’écrire le rapport sexuel comme tel, c’est là à quoi nous sommes réduits, quant à ce qu’il est, ce rapport sexuel, de le réaliser quand même. »
Ce trou, par où manque au réel, qui est un trois boroméen, ce qui pourrait s’inscrire du rapport, contraint à inventer. Il rebondit ailleurs et autrement tout en ne se laissant pas combler.
Voici en quelque sorte l’expérience inaugurale et la méditation de Lacan qui tourne autour de l’illumination qu’il n’y a pas de rapport sexuel, et de l’établissement du correct nœud borroméen
« Qu’il n’y a aucune réduction possible de la différence de ces consistances à quelque chose qui s’écrirait simplement d’une façon qui se supporte, je veux dire qui résiste à l’épreuve de la mathématique et qui permette d’assurer le rapport sexuel. »18 Mars.
La suite
« dans le rapport des sexes, chacun dans sa façon de tourner en rond comme sexe n’est pas, à l’autre, noué. C’est cela que ça veut dire, mon non rapport. » 13 Mai 75
Lacan peut maintenant situer le trou sur le nœud Bo, ce trou où peut advenir le manque de désir du rapport sexuel, c’est à dire la santé mentale, c’est à dire la liberté.
« Et je vous dis que il n’y a pas de rapport sexuel, mais c’est de la broderie. C’est de la broderie parce que ça participe du oui ou non. Du moment que je dis il n’y a pas, c’est déjà très suspect. » 76 le sinthome.
Le « Il n’y a pas de rapport sexuel relève d’une dynamique subjective ». Il se conquiert… ou pas., et nous apprenons que la scène inaugurale relève de l’expérience analytique (17.1.78) Est-ce que cela voudrait dire qu’il y a eu union sexuelle ?
En tous cas maintenant Lacan travaille avec le nœud Bo, et affirme que c’est le réel qui noue les trois, c’est le réel qui fait le nœud, le noeud avec ses différentes consistances le Réel, l’imaginaire et le symbolique.
« sans le recours à ces consistances en tant qu’elles sont différentes, il n’y a pas de possibilité de frotti-frotta. »
Et
« il n’y a aucune réduction possible de la différence de ces consistances à quelque chose qui s’écrirait simplement d’une façon qui se supporte, je veux dire qui résiste à l’épreuve de la mathématique et qui permette d’assurer le rapport sexuel. »
En 76, le 17 fev. « là où il y a rapport, c’est dans la mesure où il y a sinthome. » c’est le nœud de Joyce avec sa carence de père et sa réparation, qui ne peut-être une recette que pour une psychanalyse orthopédique, qui fait peut-être avancer à Lacan cela, pourtant après un développement et un raisonnement que je ne ferai pas ici, Allouch s’appuyant sur une utilisation fouareuse de la notion d’équivalence, récuse toute possibilité d’écrire le non rapport au moyen du borroméen.
« Ainsi doit-on se résoudre à écarter aussi bien l’écriture borroméenne du non rapport que celle du rapport moyennant le sinthome »
et
« l’idée selon laquelle « là où il y a rapport, c’est dans la mesure où il y a sinthome »
Le 17.1.76 Lacan se réjouit :
« l’heureux échec. La question d’une écriture borroméenne du non rapport sexuel n’a pas pu être bouclée, et c’est heureux. ».
« c’est que nous avons affaire, je dirais , à des vérités indomptables » 9 avril 1974, ces vérités indomptables qui font la science en la bordant, :
« Ainsi est-il dans l’ordre des choses que ni le rapport sexuel ni le non rapport sexuel ne puissent jamais s’écrire dans un langage scientifique – algébrique, fonctionnel, nodologique»
Ces vérités qui ne peuvent être prouvées, et dont nous devons témoigner constituent aussi le réel de l’expérience analytique, et de la folie,.
Le non rapport en est une mais aussi l’universalité de la mort, ainsi que l’ombilic du rêve l’impossible à reconnaître, l’unnerkant et c’est un peu à ce moment que Lacan reconnaît que ce qu’il raconte est insupportable.
Car oui le non rapport est solidaire de la mort, et son trou fait apercevoir celui de la mort que seul le langage masque, en suppléant au non rapport sexuel. Le langage serait même fait pour ne pas penser la mort. Et je me demande s’il ne masque pas aussi la vie.
Cette question de la mort et du désir de mort a été initiée par Catherine Millot qui en 1974 avait demandé à Lacan en privé : « Le désir de mort est-il à situer du côté du désir de dormir ou du désir de réveil ?» Lacan mit, d’après celle-ci une demi-heure à répondre : « On ne se réveille jamais : les désirs entretiennent les rêves » ; la mort elle-même « est un rêve entre autres rêves qui perpétuent la vie » ; « est un réveil qui participe encore du rêve ». » La mort échapperait ainsi que le non rapport sexuel, et que l’impossible réveil.
12.3.74 « Les rêves, chez l’être qui parle, concernent cet ab-sens, ce non-sens du réel constitué par le non rapport sexuel, qui n’en stimule que plus le désir, justement, de connaître ce non rapport. »
(à noter l’erreur sur l’étymologie de considère qui n’est pas la même que celle de concerner.
Là où il y a cerner il y a sidérer)
Les rêves considèrent le non rapport sexuel.
« le non rapport sexuel serait comme un attracteur réel dont les rêves ne pourraient ni ne sauraient se distraire. »
il stimule le désir de connaître
Le 26.1.1975
A Strasbourg, journée de l’école freudienne, pour la première fois :« le désir c’est l’enfer ». Marcel Ritter demande : « s’il ne faudrait pas voir un réel non symbolisé dans l’Unnerkannt, ce non-reconnu dont Freud fait état dans la Traumdeutung en liaison avec l’ombilic du rêve. »
« l’Unerkannt est lui aussi un réel non symbolisable, lui aussi extérieur au rêve et auquel le rêve est dynamiquement lié. » JA
Le rêve est assis dessus et devient l’impossible à reconnaitre alors qu’il était auparavant l’impossible à connaître, et est attribué au refoulement primaire.
« Ce non rapport sexuel, que je considère comme fondamental dans le réel pour ce qui est du parlêtre, on ne peut pas dire que ça ne corresponde pas à un petit éveil du côté de l’universalité de la mort. »
Le réel pulsionnel ?
« Le réel c’est ce que, dans la pulsion, je réduis à la fonction du trou. »
C’est là qu’apparaît le trou et les trous :
« Trou des orifices, trou de la pulsion, trou de l’Urverdrängung ou de l’Unerkannt, trou de l’origine, trou de l’ombilic freudien, ces propos sont du gruyère »
et l’analogie, entre l’unnerkant et le trou pulsionnel qui deviennent nœud corporels :
« Ce dicible et son non-symbolisable (l’Unerkannt) qui en constitue la limite renvoient au symbolique où « c’est noué, non plus sous la forme d’un orifice mais d’une fermeture ». »
La topologie des nœuds donne-t-elle lieu à un trou ? (Dans la topologie des surface un trou est ce qui fait qu’un lacet n’est pas réductible à un point.)
Alors évider l’évidence, c’est ici se rendre compte que chaque cercle n’est pas associé à un trou, et la droite infinie pensée comme équivalent du cercle remet en question cette croyance. En plus dans le borroméen les cordes ne sont pas enchainées, ne s’interpénètrent pas les unes les autres mais c’est le réel qui noue l’imaginaire et le symbolique posé l’un sur l’autre
Intervient alors les travaux de Thomé et Soury sur le faux et vrai trou ce qui amène Lacan à prendre une décision, décision d’attribuer le trou au seul symbolique ; Cette assignation va conduire à lier le symbolique au trou, l’Imaginaire à la consistance et le réel à l’ek-sistence ; Et voici crée un nouveau ternaire Ek-sistence – consistance – trou. Et le noeud de Lacan ! Le nœud Bo Lacanien. 9.Dec 75. (Présentation fig. 12)
« Il est de la nature même du symbolique de comporter ce trou, n’est-ce pas. Et c’est ce trou que je vise que je reconnais dans l’Urverdrängung elle-même. »
Le 13 Avril 1975.
Le vrai trou est ici où se révèle qu’il n’y a pas d’Autre de L’Autre.
« La plage désignée comme le lieu du vrai trou est exactement celle où Lacan avait inscrit, par exemple dans « La Troisième » (1er novembre 1974), la jouissance de l’Autre (JA). Comment entendre que, dans une même séquence narrative, Lacan puisse dire (en fait répéter) que le trou est celui du symbolique et que, cependant, le vrai trou est ailleurs, et justement dans une plage située hors le domaine du symbolique (celui qu’enserre le rond du symbolique) » JA
Cela s’explique en particulier par le fait que n’existant pas d’Autre de L’Autre, il ne peut être au lieu du symbolique. Dans la même foulée JA affirme la négation de la jouissance de l’Autre et dispose au même endroit les trois négations en comptant celle du rapport sexuel, et les inscrit comme trois indomptables vérités, affirmation d’une seule inexistence, au lieu du vrai trou imaginairement réelle et réellement imaginaire : une fantasmagorie, nouveau concept.
Alors voici deux plages à noter : celle du vrai trou avec les trois inexistences, celle du non rapport sexuel, de l’Autre de l’Autre et de la JA et celle centrales enserrée par les trois consistances qui n’est pas un vrai trou, et où se loge l’objet a, cause de la loi sexuelle, cohérente à tout le registre qui s’appelle le désir que Lacan avait différencié de l’Autre sexe depuis encore, qui fait qu’on se reproduit quand on se reproduit et qu’on baise avec un fantasme, coté homme et coté femme avec un phallus signifiant sans signifié. ? « C’est très grave mais on n’y peut rien. »
Puis voici une discussion, enfin sur la jouissance Autre, qui tout en n’existant pas existe en tant que fantasmagorie, comme le rapport sexuel et comme l’Autre de L’Autre
« Or cette jouissance « se produit » (fantasmagoriquement, selon la lecture ici proposée) et se produit comme « corrélat de ce qu’il n’y a pas de rapport sexuel »
l’Autre Jouissance dite nécessaire est produite par l’inexistence du rapport sexuel mais l’inverse n’est pas prouvé.
La discussion se poursuit à partir de la phrase de Lacan :
« la jouissance se réfère centralement à celle-là qu’il ne faut pas, qu’il ne faudrait pas pour qu’il y ait du rapport sexuel, mais qui y reste tout entière accrochée […]. »
Et semble apparaître alors une troisième jouissance, l’autre jouissance, qui ne serait ni la phallique ni celle de l’Autre qui n’existe pas et qui serait une fantasmagorie, c’est à dire du réel imaginarisé ou l’inverse. Cette autre jouissance serait l’effet du non rapport sexuel.
« sur cette autre jouissance qui la fait pas-toute, « la femme ne souffle mot »
Ce prétendu silence des femmes serait alors la réponse
« il dit au plus près que rien ne vient répondre lorsque l’on se demande à quel Autre se réfère l’autre jouissance. Par deux fois, corrélées l’une à l’autre, le silence est la réponse. »
Conclusion :
Baiser est une crise d’hystérie coté femme.
Le trou freudien : Le malaise, bordé par le langage, où nous tourbillonons car il est le langage, il est son bord, et peut servir de point d’appui pour ne pas y tomber dans ce trou. Tout langage est chiffre et comme tel se déchiffre, (trace de la puissance du réel dans le langage)
« On ne saurait imaginer plus simple au moment de conclure : 1) l’activité sexuelle est une partie qui se joue avec un Autre… en corps, sexué ; 2) cet Autre n’existe pas ; 3) in fine, la partie n’a donc pas lieu. Ce qui s’écrit « il nya pas de rapport hétérosexuel ». »
Quatre chantiers
– La sexuation : ce qu’il se passe dès lors qu’il n’y a pas de rapport sexuel
– La diversité sexuelle : les différents chemins qui aboutissent à ce point où se rejoignent les trois il n’y a pas.
– Le chemin d’une analyse, bordant, localisant, et configurant le trou.
– La satisfaction.
Le nœud d’Allouch, (Présentation, fig. 13)
A partir de noir parfait de Valentin Retz, jean Allouch détermine que « il n’y a pas de rapport sexuel » est une illumination de Lacan et place sur le nœud borroméen trois nouveaux concepts : l’illumination, l’interprétation et l’élucidation, tout en affirmant que l’illumination transforme l’apparition commune en apparition, qu’elle se dispense de tout appui sur la littéralité du signifiant :
« Noir parfait, ce roman auquel on octroie volontiers la valeur d’un essai, démontre qu’une transformation subjective est possible qui passe par une autre voie que celle que l’on a appelée « symbolisation », ou « littéralisation », une transformation produite par une succession d’illuminations.»
Une magie des signes, qui délivre du sens, et qui débouche sur une ultime illumination qui fait coupure, le noir parfait, qui met un terme au symptôme et s’évapore.
« Est-ce que savoir quelque chose, ça n’est pas toujours quelque chose qui se produit en un éclair ? » Jacques Lacan, 26 .1.69
. « À ce que l’on ne saurait, à proprement parler, dénommer trois différents « objets » de savoir correspondant, et on le dira avec Foucault, trois différents régimes de véridiction. N’est-ce pas tout simplement exigible ???? JA
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