L’insistance de la lettre chez Lacan, Le tournant de 1971
George-Henri Melenotte
Après avoir analysé de près les mouvements physiques et énonciatifs de Freud dansant autour de la statue du Moïse dans son « Freud incognito » (Epel 2017), George-Henri Melenotte se penche maintenant sur les entours d’un concept-clef élaboré par Jacques Lacan, celui de « lettre ».
La polyvalence de ce terme (bien moins étrange à première vue que celui de « signifiant » avec lequel on tend à le confondre) appelait à une lecture minutieuse de l’ensemble de l’œuvre lacanien. Seule une telle approche pouvait révéler ce « tournant de 1971 » dans lequel la mise en place du nœud borroméen fixe une nouvelle et fort originale conception d’une « lettre » vidée de ses emplois antérieurs pour devenir ce que George-Henri Melenotte nomme une « treille de l’absence ». Cette lettre n’est plus que bord d’un trou, et c’est à ce titre qu’elle développe ses effets tout au long des dix dernières années de l’enseignement de Jacques Lacan.
Par la diversité de ses références, la minutie de ses lectures et le délié de ses analyses, ce livre est l’un des premiers à tirer au clair les aléas complexes de la notion de « lettre » chez Jacques Lacan.
Avec « L’Instance de la lettre dans l’inconscient » (1957), Lacan relançait un concept de lettre qui, depuis Freud et « L’Interprétation du rêve », passait pour central dans l’exercice et la théorie psychanalytiques. Jung lui-même, avec sa calligraphie du « Livre rouge », y avait touché.
La lettre selon Lacan a longtemps entretenu des rapports ambigus avec le signifiant. Jusqu’à « Lituraterre » qui, en 1971, marque un tournant important. La voici désormais bord d’un trou, puis tresse, via le nœud borroméen (1972). Elle fera enfin le tissu qui enveloppe le lieu de l’Autre déserté par l’objet dans la seconde analytique du sexe. Ce que George-Henri Melenotte appelle ici la treille de l’absence.
George-Henri MELENOTTE exerce la psychanalyse à Strasbourg.
Il a précédemment publié Substances de l’imaginaire, (Epel, 2004) et Freud incognito, (Epel,2017).